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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


guaient d’opinions hostiles au régime et étaient protégés par les meneurs des partis de réaction et par les dignitaires des congrégations[1] ; le cabinet du ministre nommera les officiers qui seront, ou se diront pour le besoin, républicains et produiront les plus pressants ou les plus habiles des parrains parlementaires. Ainsi le décret qui retire la principale de leurs fonctions aux commissions de classement[2] et met dans la main du seul ministre l’avancement de 20 à 30 mille officiers, n’est qu’une autre machine à moudre de l’arbitraire ; la protection restera le meilleur titre ; le mérite continuera à moins peser que les recommandations ; l’intrigue se poursuivra autour du « choix du Roi » avec la même âpreté qu’autour des dispensateurs d’hier.

André, interpellé sur son décret, l’explique ainsi : « Le ministre responsable substitué à la Commission irresponsable, cela veut dire que l’avancement des officiers est actuellement dans les mains du Parlement[3]. » Devant le scandale de la formule, il atténue : ce ne sont ni les députés ni les sénateurs qui nommeront les officiers, ils contrôleront seulement les choix, au besoin en demanderont compte au ministre. Finalement, André promet d’établir un projet, qu’il déposera[4], mais qu’il laissera dormir, sur l’avancement à l’ancienneté par sélection en temps de paix, l’ancienneté étant la règle, comme en Allemagne, et la sélection subordonnée à des épreuves fixes[5]. Cependant

  1. Lettres libres, par un Colonel, sur la Nation et l’Armée, publiées dans le Temps. — Voir p. 66.
  2. Décret du 9 octobre 1900.
  3. 17 janvier 1902, interpellation de Cunéo d’Ornano.
  4. 21 octobre 1902.
  5. L’interpellation fut close par le vote de l’ordre du jour suivant : « La Chambre, approuvant les déclarations du ministre de la Guerre » (adopté par 287 voix contre 243) « et comp-