Aller au contenu

Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
396
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


nions ; ce sera l’œuvre de réparation républicaine. Pourtant, André ne s’y arrêtera pas toujours et tel officier, « signalé comme nationaliste ou comme clérical[1] », ou « comme allant régulièrement à l’église », « faisant élever ses enfants au petit séminaire », « jésuite et plus propre à faire un moine qu’un colonel », « anti-dreyfusard », « grand ami du curé », « fréquentant l’évêché et les vicaires généraux[2] », sera promu par lui au grade supérieur.

Voilà l’organisation, telle qu’il l’expose lui-même, et, nécessairement, dès que l’appareil commence à fonctionner, arrivent à la fois les recommandations et les dénonciations des civils, les protestations empressées et, aussi, les délations des militaires[3]. Hier, c’étaient les officiers juifs, ou qui portaient seulement un nom à consonnance juive, ou ceux qui avaient épousé des femmes divorcées, ou qui se disaient simplement républicains, dont l’avancement était arrêté ou que des camarades « mettaient en quarantaine[4] ». La tare, aujourd’hui, ou le danger, c’est de porter un nom à particule, ou d’aller à la messe, ou d’avoir une femme qui se confesse et des enfants chez les religieux.

L’officier d’ordonnance, le capitaine Mollin, qu’An-

  1. Discours du 4 novembre 1904.
  2. Cinq ans, 316 et suiv.
  3. « Je n’ai jamais admis, sauf en cas de missions spéciales et ostensibles, que des renseignements de cette nature puissent être fournis par des officiers sur leurs camarades. » (Cinq ans, 307.) — « Il me fut facile d’établir que des officiers indignes, heureusement fort rares, dénonçaient leurs camarades : j’en pris deux sur le fait. Je reçus bientôt toutes les pièces nécessaires pour éclairer le ministre. À ce dossier complet, je joignis la note suivante… » (Capitaine Humbert, ancien officier d’ordonnance d’André, dans le Figaro du 13 janvier 1906). — Voir 409.
  4. Discours du 4 novembre 1904, et Cinq ans, 302 et suiv.