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LA REVISION


terminant « qu’il n’était pas monté à la tribune pour défendre son portefeuille », « qu’il restait à son poste pour y défendre la République et rassurer les officiers républicains ».

Berteaux, sous couleur de l’interpeller, plaida les circonstances atténuantes, insista sur le danger qui était apparu à Galliffet lui-même, à l’époque de l’Affaire, d’un commandement dominé « par l’esprit clérical et réactionnaire », pendant que » les officiers républicains, traqués, brimés, réduits au silence, étaient condamnés à être des parias dans l’armée de la République ». Mais il dit aussi que le remède n’était point « les notes secrètes » ; que le mal profond, c’était le régime de la faveur par l’avancement au choix, qu’il s’exerçât dans un sens ou dans l’autre, car « les caractères les mieux trempés s’y abaissaient ». Il était urgent, en conséquence, « de faire aboutir une loi sur l’avancement », avec majoration d’ancienneté pour les titres exceptionnels, et d’assurer ainsi au corps d’officiers « toutes les garanties de la justice et du droit ».

Jaurès, au contraire, n’apercevait aucune limite « au contrôle civique », dépassant ainsi Combes et André lui-même[1], et plus furieuses étaient les clameurs contre lui, plus il s’exaltait, à la manière d’un prophète, s’envolant en de magnifiques périodes sans souci d’ailleurs de se contredire. Tantôt, il réclama « le dévouement à la République comme la vertu par excellence de l’officier sous la République[2] » ; tantôt, il proclama

  1. Les socialistes allemands, Kautsky, dans le Vorwærts, lui donnèrent tort : « La surveillance policière ou même privée doit être réprouvée, qu’il s’agisse des officiers ou des autres serviteurs de l’État ; les plus grandes canailles d’un pays sont les dénonciateurs. »
  2. Le lieutenant-colonel Rousset, nationaliste : « Vous avez raison ; sur ce point, nous sommes d’accord. »