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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


non au 6 janvier 1895, « la nuit intéressante où fût en suspens, pendant quelques heures, la question de paix ou de guerre ». Et c’est tout. Le « vieux compagnon d’armes » envoie son salut « à tous ceux, juges ou témoins, qui ont apporté une pierre à l’édifice, désormais indestructible, de la culpabilité d’un officier traître à sa patrie ».

Mornard allait achever sa plaidoirie quand les journaux publièrent cet aveu d’impuissance[1]. Il s’interrompit un moment, répliqua en deux mots. La date, la réalité de la prétendue nuit historique ont été démenties par Casimir-Perier et par Dupuy[2]. La minute Bayle a été retrouvée, « après quelques instants de recherche », aux archives du premier bureau, par le capitaine Hallouin, en présence de deux officiers[3]. Pour les lettres d’Esterhazy, sur papier pelure, Mornard a déjà rappelé[4] qu’Esterhazy en avait reconnu l’authenticité[5], comme il s’était reconnu l’auteur du bordereau, et que deux expertises, de 1898 et de 1899, avaient constaté l’identité des papiers[6]. — La Cour s’étant ajournée le même soir jusqu’au prononcé de l’arrêt, tout était fini. Mercier écrivit le lendemain[7] une deuxième lettre pour demander à être confronté avec Casimir-Perier et Dupuy.

Autant garder le silence. Drumont, rudement, sans

  1. 7 juillet 1906.
  2. Voir p. 322.
  3. Cour de cassation, 26 mars 1904, Targe : 28 mars, Hallouin. — Le carton portait la suscription : « Rapports au ministre ; notes du chef d’État-Major. » — Voir p. 271.
  4. Mémoire, 602.
  5. Cass., I, 597, Esterhazy.
  6. Cass., I, 686, expertise Putois, Choquet et Marion ; Dossier de Rennes, pièce 41, liasse 1, contre-expertise Marion, Choquet, Putois, Levée et Chaussin.
  7. 8 juillet 1906.