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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ressortir la version suivante : « Si le capitaine Dreyfus n’a pas eu de relations avec vous, il serait bon de charger l’ambassadeur de publier un démenti officiel, afin d’éviter les commentaires de la presse » ;

Attendu qu’on ne peut opposer à Dreyfus, comme une preuve de culpabilité, cette dépêche, puisqu’elle fait présumer au contraire que l’agent B n’avait pas de relations avec lui ;

Attendu que les pièces 66 et 66 bis concernent un brouillon de rapport non signé d’un attaché militaire appartenant à une nationalité autre que celle des agents A et B ; qu’il en résulte que cet officier, en 1897, ne pensant pas que Dreyfus eût été condamné sans preuve, le tenait pour coupable ;

Mais qu’en 1899, il a changé d’avis ;

Que l’accusation d’ailleurs, si elle voulait faire appel aux déclarations des étrangers, devait forcément reconnaître qu’officielles ou non elles étaient formelles et nombreuses à la décharge de Dreyfus ;

Attendu, sans doute, que sinon devant le conseil de guerre de Rennes, du moins autour de lui, dans la presse et dans le public, un bruit avait été répandu d’après lequel la pièce, présentée comme étant le bordereau saisi, ne serait que la copie sur papier pelure du bordereau original portant de la main d’un souverain étranger une annotation accusatrice contre Dreyfus ;

Mais attendu que, dans leurs dépositions reçues sous la foi du serment en 1904, cette allégation (ainsi que celle d’une prétendue lettre du même souverain) a été absolument démentie par le président Casimir-Perier, les généraux Mercier, Billot, Zurlinden, de Boisdeffre, Gonse, Roget, les lieutenants-colonels Picquart, du Paty de Clam, Rollin et les autres officiers du service des renseignements, que le général Mercier a dit notamment : « C’est une légende complètement inexacte ; rien, rien, rien n’a pu y donner lieu ».

Que cette légende doit être mise à néant.