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L’AMNISTIE


accordant à chacun d’eux des circonstances atténuantes. Les peines suivantes furent ensuite votées : dix ans de bannissement contre Buffet et Déroulède[1], dix ans de détention contre Guérin.

Les trois condamnés n’avaient pas seulement avoué qu’ils avaient travaillé à renverser la République par la force ; ils s’en étaient glorifiés.

Le mois d’après (19-22 février), Marcel Habert fut condamné pour complot à cinq ans de bannissement[2].

Le public vit surtout que la rue serait de quelque temps tranquille et que les agitateurs laisseraient désormais les officiers à leur métier.

X

Malgré les procédés tour à tour fermes et apaisants de Galliffet, le corps d’officiers restait nerveux, rétif ; il ne revenait pas à la ligne droite de la discipline. C’était l’un des grands soucis de Waldeck-Rousseau. Le décret de Galliffet sur l’avancement des officiers généraux, son projet sur le rajeunissement des cadres provoquèrent une nouvelle effervescence.

Il y avait plus de quinze ans que les commissions supérieures de classement, en majorité réactionnaires et qui votaient au scrutin secret, ne proposaient au choix, pour le grade de général, que des officiers « bien pen-

  1. Fallières déclara que la peine de deux ans de prison à laquelle Déroulède avait été condamné pour injures se confondait avec la peine principale.
  2. Par 73 voix contre 47 et 4 abstentions, la Haute-Cour avait décidé que tous les sénateurs élus ou réélus le 28 janvier 1900 ne pourraient point prendre part au jugement. De là, le petit nombre des votants.
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