d’infanterie, du soin de reconnaître « ce qui peut l’intéresser », alors que ce manuel introduit dans l’armée le réglage du tir à la hausse, en renonçant au réglage à la manivelle[1].
Quelle que soit la date du bordereau, il existe, à l’État-Major même, la preuve matérielle que son auteur n’a livré à l’Allemagne, instruite depuis deux ans[2] du principe du canon de 120, que des indications incomplètes sur les détails de ce matériel. En effet, la troisième direction de l’artillerie a reçu du bureau des renseignements un questionnaire, du 20 septembre, adressé par l’État-Major allemand à l’un de ses agents et intercepté par l’un des nôtres. L’auteur du questionnaire y réclame « la description exacte du canon de 120 court, tubes, affût, mécanisme, tout ce qu’on peut savoir[3] ». Il ne l’avait donc pas.
- ↑ Rennes, III, 175, Sebert.
- ↑ Cass., 1, 378 ; 1, 524, Hartmann. Dès le mois de février 1892, l’attaché militaire allemand avait communiqué à son État-Major deux rapports sur le 120 qui lui avaient été livrés par l’espion Greiner. (Dossier secret.)
- ↑ Ce questionnaire du 20 septembre n’a été produit que devant la Cour de cassation par le général Deloye. (Cass., II, 323 et 324). — Voir Appendice IX. — Je rappelle que l’accusation, en 1894, attribuait au bordereau la date d’avril-mai.
I, 512, capitaine Moch.) Cette forme incorrecte : « Manuel de tir de l’artillerie », n’est peut-être qu’un de ces germanismes inconscients, si fréquents dans les lettres d’Esterhazy. — Dans une note du 27 septembre 1894, qui fut interceptée par le bureau des renseignements (Voir Appendice IX), l’État-Major demande à son agent français « le Manuel de tir de l’artillerie de campagne ». C’est, sans doute, le même manuel qu’Esterhazy offrait dans le bordereau, mais qu’il n’avait pas joint, comme les autres notes, à son envoi. Schwarzkoppen, qui n’avait pas reçu le bordereau, ignorait qu’Esterhazy s’était déjà procuré le Manuel. Le grand État-Major demandait également « la réglette de correspondance ». Esterhazy l’avait empruntée au lieutenant Bernheim et ne la lui rendit jamais. Bernheim en déposa à l’enquête Pellieux le 26 novembre 1897, et à Rennes (III, 140 et 521).