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LA CHUTE DE MERCIER

Mercier sait qu’il n’en est rien, parce que Dreyfus n’a pu faire à un officier inconnu, à l’heure de la dégradation, le mensonger aveu qu’il a refusé à Du Paty, chargé des promesses du ministre.

Mais qu’est-ce que Dreyfus a réellement dit à Lebrun-Renaud ? Que lui a-t-il dit de l’Allemagne ? Lui a-t-il révélé la mission de Du Paty ?

IV

Mercier, dans son trouble[1], finit par reconnaître qu’il fallait d’abord interroger l’officier de la garde républicaine qui avait conduit le condamné à la parade, et lui imposer silence, pour le cas où Dreyfus lui aurait fait de dangereuses confidences sur la scène du Cherche-Midi et sur le fond même du procès.

Il rappela Boisdeffre, lui conta l’incident, et le chargea de faire rechercher cet officier (dont il ignorait le nom), avec l’ordre d’être le lendemain matin, à la première heure, dans son cabinet[2].

Boisdeffre, qui avait congédié Picquart après son premier entretien avec Mercier, se rendit chez lui avec Gonse. Il était onze heures du soir quand le chef et le sous-chef de l’État-Major général arrivèrent chez le

  1. Il révèle lui-même ce trouble dans le récit, d’ailleurs mensonger sur presque tous les points, qu’il a fait à Rennes de l’incident diplomatique (I, 97 et 98). — Voir page 546.
  2. Boisdeffre, qui prétend ne pas se souvenir d’être allé, une première fois, avec Picquart, à 7 heures, chez Mercier, se coupe un peu plus loin : « En sortant de chez le ministre, le soir à huit heures, de nouveau, après avoir dîné, je suis allé chercher le général Gonse, et nous nous sommes rendus avec lui chez le commandant Picquart qui était absent. » (Rennes, I, 520.)