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Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/115

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XXXIV.

La piété est une sagesse sublime, qui surpasse toutes les autres, une espèce de génie, qui donne des ailes à l’esprit. Nul n’est sage s’il n’est pieux.

XXXV.

La piété est une espèce de pudeur. Elle nous fait baisser la pensée, comme la pudeur nous fait baisser les yeux, devant tout ce qui est défendu.

XXXVI.

La piété est au cœur ce que la poésie est à l’imagination, ce qu’une belle métaphysique est à l’esprit ; elle exerce toute l’étendue de notre sensibilité. C’est un sentiment par lequel l’âme reçoit une telle modification, qu’elle a par lui sa rondeur absolue et toute la perfection dont sa nature est susceptible.

XXXVII.

* La piété est le seul moyen d’échapper à la sécheresse que le travail de la réflexion porte inévitablement dans les sources de nos sensibilités.