Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/45

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« les ressources s’enfuient, et il ne reste que des regrets. » Un peu plus tard elle lui mandait : « J’ai retrouvé ici « d’anciennes lettres de vous qui me recommandent l’amoiir du repos et de la solitude. Vous aviez raison, je le « sentais ; mais j’étais alors indignede hi solitude et incapable du repos dont je sens tout le mérite aujourd’hui. « sans en excepter celui qui est voisin de l’anéantissement. 11 me semble que je végète assez bien, quoique « moins agréablement que les plantes qui m’environnent. « Beauchêne vous dira que je suis engraissée ; j’en suis « moins sûre que lui, car ma santé ne me donne pas « toute satisfaction. J’ai pris de vous la mauvaise habitude de ne digérer qu’en marchant ; mais, en mar<e chant, la rêverie est funeste ; il me faut donc, dans « mes promenades, m’accoster de M. Perron, me faire « ennuyer par le pauvre homme et le lui rendre. Je lui « adresse chaque soir les mêmes questions, et je recois « les mêmes réponses que je n’écoute pas toujours jusqu’à la fin. De son côté, régulièrement, aux mêmes « passages, il me raconte les mêmes histoires. À quelques pas près, je me les annonce, sans jamais me « tromper d’une minute. Ce petit commerce, si propre à « reposer l’âme, l’esprit et l’imagination, ne me déplaît « pas toujours et me divertit quelquefois. C’est d’ailleurs « par régime que je m’y livre ; mais je ne sais si le bon « M. Perron, qui n’a nullement besoin de régime, s’en « accommode également. Pour calmer mes remords, je « tâche de me persuader qu’il n’est pas bien sûr de son « ennui et n’en est encore qu’au doute. »

Je ne parlerais pas des charmes extérieurs de madame deBeaumont,carce n’était pas là ce queM. Joubert cher