Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/68

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grand-raaUre fût soigneux du corps enseignant comme un père de famille ; qu’il laissât une douce et longue mémoire de son passage, et que l’administrateur ne demeurât pas au-dessous du poëte. Les petites lettres du matin, les longues causeries de la veillée n’avaient plus guère d’autre objet. Le zèle même pour la bonne «irection de l’instruction publique allait si loin parfois, que, fatiguée un soir d’enseignement, de professeurs et de lycées, une femme dont l’esprit va de pair avec le nom, et à laquelle M. Joubert portait un vif attachement, Mme de Chateaubriand, s’écriait :

« L’ennui naquit un jour de l’Université.

Mais la boutade n’empêchait pas les deux interlocuteurs de poursuivre. Le grand-maître consultait incessamment son ami sur les hommes, sur les livres, sur les choses. Il le contrariait bien quelquefois par l’adoption de mesures inattendues, car s’il lui était loisible, au salon, de spéculer librement, il avait bientôt, au palais, à compter avec un maître dont la politique ne s’accommodait pas toujours à la philosophie de M. Joubert ; mais il écoutait ce dernier du moins avec une déférence amie, et souvent il puisait dans son expérience et sa raison les forces dont il avait besoin pour l’action ou pour la résistance.

Cependant de plus longs séjours à Paris avaient étendu peu à peu le cercle des relations de M. Joubert. Non seulement il continuait de voir chaque jour mesdames de Chateaubriand, de La Brichc, de Vintimille, de Duras, deLévis et les autres personnes qu’il avait jadis rencontrées chez