Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/69

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madame de Beauiuont ; mais il se liait successivement avec mesdames de Bressieux, de Valory, de Gontaut, de Chàtenay,avec lebonM. de Clause !, dont le tempérament religieux et contemplatif ne s’était point encore échauffé aux ardeurs de la discussion parlementaire ; avecM.deFéletz, qui se plaignait de l’avoir connu trop tard, et dont il vantait souvent l’ingénieuse polémique,l’atticisme etle sens exquis ; avec un de mes parents, le docte et pieux M. de Lacalpradc, que je ne puis nommer sans que s’éveille en mon âme un profond sentiment de reconnaissance ; avec M. l’abbé Gallard, M. l’abbé Cotteret, depuis évoque de Beau vais, M. de Saint-Surin, M. de Bonald, M. le comte de Sèze, M. Romain de Sèze, son fils, et quelques autres hommes rangés dans la nuance d’opinions que la plupart de ces noms rappellent. Je ne crois pas toutefois qu’à l’époque de la restauration il ait bien sérieusement partagé les vivacités du cercle qui l’entourait. 11 jugeait fort sévèrement les maximes d’état de M. de Bonald, quoiqu’il aimât beaucoup son caractère et sa personne ; il reprochait, avec une grâce charmante, à M. de Clausel de se laisser détourner, par les tourbillons du moment, de sa primitive et pacifique destination ; enfin, écrivant à un anglais de ses amis, M. Frisell, homme plein de science, que lui avait rendu cher un cœur excellent caché sous des dehors sévères, il disait, au sujet d’un des articles magistraux du Conservateur : « II a fait ici beaucoup de bruit, et peut-être beaucoup de bien ; mais « qui le sait ? » À ces indices, et malgré quelques colères passagères dont je rencontre les traces ça et là, il me semble qu’il regardait un peu la politique comme audessous de lui quant aux passions qu’elle engendre,