Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/374

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quelqu’un s’écrie `que le feu est a la voiture. Je suppose qu’il en sortait de la fumée, et que la pensée que le pistolet parti n’était pas seul, fit craindre a tous une seconde explosion. Chateaubriand ne dit rien de tout cela, mais on l’imagine aisément , car tout le monde prit la fuite, a ce qu’il dit. Alors il se ressouvint qu’il avait caché, dans un coin, quatre ou. cinq livres de poudrel - ¤ Heureusement, » dit-il, ¤ il ne perdit point la téte; il ouvrit sa voiture, y monta, saisit le paquet fatal, et, trouvant que les cordons de ce paquet étaient en feu, il l'éteignit. Sans son courage et son industrie, » ajoute-t·il, car l’abominable ose se vanter, plaisanter meme, lui, sa femme, la berline, le postillon et les chevaux étaient en l’air ! »

Il finit en m’assurant qu’une demi-heure aprcs tout était réparé, et que de la a Turin tout s’est passé le mieux du monde. .l’en suis charmé; mais, apres de telles nouvelles, nous nvons délibéré et conclu, madame de Coislin et moi : l° que nous garderions le secret. sur ces imprudences; 2** que nous ehercherions partout un homme capable de nous plaire et de se faire aimer de nous comme lui; 3° que si nous trouvions un tel homme, nous lui interdirions, a lui, tout commerce avec nous, et toute administration de son propre talent. Enlin il nous faut un Chateaubriand plus sage. Voyez si vous en connaltriez quelqu’un; nous nous brouillerons volontiers avec celui-ci, si vous pouvez nous en fournir un autre, et nous vous conseillerons d’en fai1·e autant. Mais j’ai grand’peur que cette téte-la n’appartienne a un homme unique , et qu’a tout prendre nous ne soyons éternellement condamnés a l’aimer tel qu’il est, constamment et a la fureur, quoique avec fureur.

Sa troisieme lettre est d’un sage. Elle est écrite de Mi-