Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/387

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I 379 _ ii la vie, determine a garder a tout prix les opinionsqui << nous rendent plus sages, et tous les sentiments qui, en ii nous rendant contents des autres , nous rendent plus ci contents de nous. » Or, Madame , ceux que vous nous avez inspires ont — tout a fait ce caractere. Mon frere et moi sommes bien de- termines, et nous avons le cu-zur tetu, a aimer invariable- ment Epoisses. Ce lieu nous est recummande par le passe, par le present et par l’avenir. ‘ — Le passe, c’est madame de Sevigne; le present, Ma- dame, c’est vous , et l’avenir, ee sont ces deux jeunes ` personnes qui etaient assises a vos cetés , et dont. vous etiez si bien paree. En vous voyant au milieu d’elles, il etait difiicile de ne pas se dire, comme leur arriere-grand- pere, lorsqu’il ecrivait de Saulieu a madame de Grignan : ii Le monde est bien aimable et bien joli I » Je m’etonne pourtant qu’elles comptent ainsi dans mes souvenirs; ‘ car, s’il faut avouer la verite, je donne peu d’attention a cet ege qu’on dit charmant. Il se suflit si bien a lui- meme que je le livre a ses agrements. Mais , cette fois , » moi qui n’ai jamais pardonne a personne d’avoir quinze . ans , je pardonne a mesdemoiselles vos filles d’en ap- procher.Tout me plait d’elles et m’occupe, jusqu’aux noms ` qu’elles portent. Celui de l’ainee est le votre, Madame , et celui de sa soeur appartenait, il n’y a pas encore long- temps, a une femme bien regrettee, bien digne de l’etre, et dont l’amitie a fait les delices des dix dernieres annees de ma vie. Pardonnez—moi d’oser vous en parler ici. Ce mois est consacre a sa mémoire , et tout ce qui me la ” rappelle m’est cher. J’ai deja souhaite bien des fois que Pauline de Guitaut fut plus heureuse que Pauline de Montmorin! _ Digiiizec by GOOgl€