Page:Jouffret - De Hugo à Mistral, 1902.djvu/48

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« Crinière de glaçons digne du lion Pôle. »

La Métaphore est favorisée par l’alliance des mots. Elle résulte de la simple substitution d’une image à un mot, et de l’extension de cette représentation visuelle aux images adjacentes. V. Hugo songe-t-il à la mer qui moutonne ? Ge qui n’est dans le langage ordinaire q’une métaphore usée provoque chez lui une vision nette, précise. Il réalise ces moutons sinistres de la mer, et les fait garder par un « pâtre promontoire ».

B. Le Symbole.

Agrandie ou prolongée, la Métaphore devient une allégorie ou un symbole. Le fleuve qui tombe dans un précipice, et dont la chute donne naissance à un arc-en-ciel est le symbole du génie, qui tombe dans les pièges qu’on lui tend de tous côtés, mais qui en sort couronné de gloire. Lisez encore à ce point de vue les Étoiles filantes, Clarté d’âmes, Mais je ne résiste pas au plaisir de vous citer la fin de la Comète :

« Il avait dit : Tel jour cet astre reviendra. »

Mais pour avoir prédit le retour d’une comète, Halley passe pour fou, il est couvert de huées, d’insultes et meurt enfin.


                                       « Trente ans passèrent.
On vivait. Que faisait la foule ? Est-ce qu’on sait ?
Et depuis bien longtemps personne ne pensait
Au pauvre vieux rêveur enseveli sous l’herbe.
Soudain, un soir, on vit la nuit noire et superbe
À l’heure, où sous le grand silence tout se tait,
Blêmir confusément, puis blanchir, et c’était
Dans l’année annoncée et prédite, et la cime
Des monts eut un reflet étrange de l’abîme
Comme lorsqu’un flambeau rôde derrière un mur.
Et la blancheur devient lumière, et dans l’azur
La clarté devint pourpre, et l’on vit poindre, éclore