Page:Jouffret - De Hugo à Mistral, 1902.djvu/97

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Texte français.


N’approche pas ! Va-t-en ! Passe au large, Étranger !
Insidieux pillard, tu voudrais, j’imagine,
Dérober le raisin, l’olive ou l’aubergine
Que le soleil mûrit à l’ombre du verger.

J’y veille. À coups de serpe autrefois un berger
M’a taillé dans le tronc d’un dur figuier d’Égine.
Ris du sculpteur, Passant, mais songe à l’origine
De Priape, et qu’il peut rudement se venger.

Jadis, cher aux miarins, au bec d’une galère.
Je me dressais, vermeil, joyeux de la colère
Écumante ou du rire éblouissant des flots.

À présent, vil gardien de fruits et de salades.
Contre les maraudeurs je défends cet enclos…
Et je ne verrai plus les riantes Cyclades.


Traduction latine.

 
Siste gradum, procul hinc, age, finibus, advena, nostris
Cede, precor: forsan, fur insidiose, racemos
Aut olus, aut oleam furto subducere velles,
Aut sol umbriferis si quid maturat in hortis.

Adsum ego, qui quondam pastoris falce resectus
E trunco exsilui fici Æginensis in auras.
Irride artifici, reputa sed mente, Viator,
Qui fuerim, et tumido quæ vis permissa Priapo.

Olim gratus eram nautis, rostroque triremis
Stabam puniceus : tune me maris ira juvabat
Spumea, vel late placidi pellacia ponti.

Nunc humilis custos olerum frugumque satelles
His ego prœdones septis avertere cogor…
Nec Cycladum posthac ridentia saxa revisam.