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ANNÉE 1889

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ple, rien qu’en fleurs. Le fond d’une allée entièrement caché

ar une draperie blanche sur laquelle se détachait un cœur en petites roses, Les rosiers naturels n’étant pas assez fleuris, on leur avait ajouté de fausses roses. Les Augustines sont très riches et les objets du culte sont magnifiques.

Les frères et leurs élèves, deux moines — pour se faire le pendant — un troupeau de petites filles et plusieurs prêtres suivaient la procession. Les petites filles m’ont fait rire ; figu- rez-vous qu’elles ramassaient les feuilles de roses qu’elles avaient jetées, et puis les derniers rangs en inondaïent les pre- miers. Il paraît que le Tantum Ergo s’est très bien passé. Tant mieux, maman craignait une extinction de voix.

Carle m’a envoyé un souvenir de sa 1’e Communion qui m’a bien touchée, parce que Fernande a le même et que comme on ne savait pas à qui donner le second, Carle m’a choisie parce que je suis la fille de sa marraine. C’est une dizaine faite avec les grains d’un chapelet qui vient de Jérusalem. (C’est insup- portable, les jardins sont remplis de monde, de sorte que je ne peux pas y aller.)

Nous avions invité les de F. à venir aujourd’hui, mais je n’en ai pas vu la queue. À propos d’invitations, Mme Legros vient de nous en faire une que je goûte beaucoup. Par une autorisation spéciale de M. Lozé, elle a obtenu la permission de visiter la prison de la Conciergerie où ma pauvre chère Marie-Antoinette a été enfermée.

Andrée, en me remerciant d’un souvenir que je lui ai offert pour sa 2€ Communion, m’annonce qu’elle est à Paris, ici ! et l’étourdie ne me donne même pas son adresse ; il est vrai que je ne lui avais pas donné la mienne et que sa carte était adressée à Montpellier. ï

Il faut que je raconte une de mes petites histoires intérieu- res ; écoutez, il y a à table une très vieille demoiselle qui a une demoiselle de compagnie très laide de face, assez jolie de profil et très coquette de tous les côtés, qui ne lui laisse pas dire un mot ; elle répond tout le temps à sa place, sourit aux amies de sa maîtresse d’un air protecteur, etc., etc. On comprend que je