ANNÉE 1889 ITS
s’était défaite, ce qui m’avait empêchée d’en jouir. Au phare, nous nous étions pesées et Fernande prétendait que sa tour- nure (phénoménalement lourde) avait beaucoup augmenté son poids ; et puis dans la lanterne on se voyait élargi, ce qui nous avait bien amusées, Ce sommet de phare m’avait fait rêver, je voyais le confortable fauteuil du gardien et je me figurais, une nuit de tempête, le phare secoué, la lanterne vibrant, le bruit de la mer, le gardien s’étirant et jetant des yeux endormis sur le soleil qui l’éclaire (et par parenthèse qui doit le chauffer prodigieusement) pour voir s’il n’est pas temps de remonter le poids qui en descendant le fait lentement tourner. :
Il y avait aussi aux environs de la Maison Blanche un en- droit où on ramassait les poudres et où il ne fallait aller qu’avec des sandales en cuir, de peur que le fer des souliers rencontrant de la poudre, fasse jaillir des étincelles.
Mercredi 3 juillet.
Il est 9 heures et demie. J’écris dans mon lit où mes genoux m’obligent à rester ; ce n’est pas amusant, mais dans le moment ce qui m’ennuie le plus, ce sont d’affreux bourdonnements. Je viens d’écrire un peu à Henriette, beaucoup à Fernande, c’est ce que j’ai de mieux à faire dans le moment. Il faut que je copie ici une drôle de petite feuille de papier que Caroline m’a donnée, C’est très original et très amusant :
Tndications pour les voyageurs se dirigeant vers le Paradis :
DÉPART. ARRIVÉE.
À toute heure, Quand il plaît à Dieu. Rapide : xre classe. Prix des places : Pauvreté, chasteté, obéissance. Premières : Amour et croix. Direct : 1re et 2e classes. Secondes : Désir et combat. Piété, dévotion, sacrements. Troisièmes : Crainte et péni- Omnibus : xre, 2e, 3e classes. tence. Commandements.
Devoirs d’état.
JOURNAL DE MARIE LENÉRU 8
