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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

II4 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

AVIS

1° Il n’y 4 pas de billets d’aller et retour :

° Point de trains de plaisir ;

3° Les enfants qui n’ont pas l’âge de raison ne paient rien pourvu qu’ils soient tenus sur les genoux de leur Mère l’Église |

4° On est prié de ne porter d’autres bagages que de bonnes œu- vres si l’on ne veut pas manquer le train ou éprouver du retard à l’avant-dernière station :

5° On prend des voyageurs sur toute la ligne,

D

Je crois que je suis en seconde classe dans le train omnibus, mais j’ai de l’excédent de bagages !

Puisque je m’en souviens en ce moment, je veux écrire ma petite prière, celle que je disais avant le Pater et l’Ave :

Mon Dieu, vous êtes grand, vous êtes bon, vous êtes juste, ayez pitié des petits enfants qui sont encore dans la nuit de l’in- telligence, apprenez-leur à faire ce qui est bien, Bénissez : maman, tante, tonton Albert, tante Gabrielle, tonton Lionel, Fernande, Carle, Henriette, Alexandre, Jeanne, Hortense (ma bonne) — tout le monde. Guérissez les yeux de maman et faites que je grandisse pour vous mieux connaître et vous mieux aimer.

Je me souviens que j’avais ajouté de moi-même le nom d’Hortense (ma bonne), et qu’elle en avait été très touchée.

Lundi 9 juillet,

Quoique nous ayons loué un appartement, nous resterons encore assez longtemps chez les Augustines : je ne m’en plains pas ; j’aime beaucoup vivre en société, Henriette, Madeleine et Louis arriveront dans les premiers jours d’acût et les Dauriac au commencement de septembre ; mon oncle a beaucoup de chances pour Paris. Si elles ne pouvaient se réaliser, je crois que les esprits de la famille subiraient une légère atteinte, le mien en particulier, Il est si peu stable ! C’est triste,