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ANNÉE 1889

ANNÉE 1889 Et ?

même jour que nous avions déjeuné à leur propriété et, comme ils n’avaient pas emmené de domestiques, c’étaient les jeunes gens qui nous avaient servis. Cette propriété, je m’en rappelle la serre et les vitres dont un certain endroit du mur était percé. Je crois aussi que nous avions été de l’autre côté de l’eau, en nous servant de petits canots. Une autre fois nous avions été dans leur petite voiture, visiter un très vieux châ- teau dont nous avions admiré les mâchicoulis ; pendant le che- min, Jeanne P. avait voulu conduire, mais elle avait manqué écraser un paysan. On avait discuté sur la couleur d’un mou- choir que Berthe portait et on avait fini par trouver qu’il était chocolat ; à un endroit, le terrain était si mauvais qu’on avait fait descendre-beaucoup de ces dames, mais moi, j’aimais tant les secousses, que j’étais restée en voiture. Une autre fois, comme il ventait, et que Jeanne B., Alice À. et moi, devions aller rejoindre le reste de notre cercle, on m’avait mis un voile bleu foncé, ce dont j’étais ravie. Je me souviens encore d’une grande journée passée au F. où l’on avait fait partir des bal- lons de papier et des fusées, seulement le feu que nécessitait l’air chaud avec lequel on gonflait les ballons, m’avait assez effrayée, mais j’ai hurlé quand un ballon a pris feu. Nous avions aussi joué à la biche, je me rappelle que Berthe courait. après moi et que j’allais être prise, lorsque Louis, qui se ca- chaïit au détour d’une allée, m’avait emportée et, en deux en- jambées, mise au but. Berthe n’avait continué à jouer qu’en disant : « Défense à Louis de porter Mimi. » —— Après cela on avait installé un feu d’artifice dans le bois. Nous le voyions de très loin étant juste devant la maison. En attendant qu’il éclatât, pendant qu’il était allumé, Louis demanda qui vou- lait sauter par-dessus avec lui, comme Jeanne le voulait bien, ils sont partis tous les deux en courant, à mon grand effroi. Je crois que c’est aussi ce soir-là que le commandant P. m’avait “fait sauter sur ses genoux en chantant : « Les petits cadeaux, ma commère, entretiennent l’amitié. » — dont l’air m’avait enlevée. Ce soir-là encore, on avait fait de la musique à six mains et maman avait chanté, C’est dans cette propriété dont