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SE — EEE PL 4

Même jour.

Trois quarts d’heure de Spaciement dans Le jardin où il fait froid comme l’hiver, Sous les nuages épais, sans réverbération aucune, tout est net, incisé dans la lumière égale. De loin la grande allée, doublée de sombre, est comme la lisière d’une forêt.

Je fais la veillée d’armes de mes 25 ans et ne veux pas lire, Depuis hier j’ai un élan à mettre en deux jours ce que je n’ai pas mis dans mon année perdue. *

Grande Sainte Catherine me voilà des vôtres… « À chercher ta part de femme tu n’aurais eu que des déceptions. » Est-ce que je le pressentais quand à dix ans j’organisais déjà mon célibat ? La vérité est que je n’y ai même jamais réfléchi, mes préoccupations ont toujours été si différentes.

Aujourd’hui seulement je me demande si je dois le regretter, Amiel, assez dangereux comme tous les ratés, a dit : « Le meil- leur chemin dans la vie, c’est encore la voie régulière qui tra- verse à l’heure utile toutes les initiations.. Les chemins de traverse tentent, par quelque motif apparent, mais il est rare qu’on n’ait pas à regretter de les avoir pris, »..Si je désire élargir mon existence par la notoriété, ce n’est certes pas pour la récompense de « la gloire », mais par la curiosité de me trou- ver peut-être, alors qu’il en est temps, en présence de tenta- tions supérieures…

3 juin.

Matériellement, visiblement, il ÿ a en moi une force centri- fuge. Ma chaise est toujours à l’écart pour ne pas tenir sous le nez des autres l’indifférence de ma lecture. En bas ils sont une (party » et me voilà ici, Je me mets à aimer quelque chose dans cette fuite. Certes, elle ne peut pas être le terme ! mais j’aime y

voir une belle préparation, il me semble être précieusement gardée. Pour quoi ? à