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ANNÉE 1901

ANNÉE 1907 251

Je ne la crois, en effet, solvable que pour peu de gens, ceux qui ont de quoi prendre la dette à leur nom.

14 octobre.

Ici, dans les terres, cela assombrit de n’avoir plus qu’un ciel. C’est comme des jalousies fermées sur l’autre ciel hori- zontal doublant la force de chaque jour.

15 octobre.

A mesure que je me suis rendue, cela me frappe de me trou- ver encore jeune. L’humanité me revient un peu, je commence à regretter le bonheur. Je le voudrais toujours distingué par tout le reste, mais enfin je l’aimerais.

Je lis avec une délectation assez perverse les lettres du P. Didon à sa fille très unique. Bien dominicaines, bien naïve- ment oratoires, mais peu d’humilité et cela change. Une belle audace de prédilection, une confiance admirable de paternité despotique, une superbe exigence d’apôtre servi par Magde- leine ! Et des mots qui attendrissent, des mots qui réfugient leur humanité dans la robe du Christ et le manteau noir domi- nicain. « Je vous bénis avec une tendresse infinie et je vous envoie mon affection profonde sur l’aile de cette brise qui entre par ma fenêtre et qui vient des hauteurs immaculées du glacier, »

Elle ne me déplaît pas, à moi, cette aventure passionnée à travers les deux bures blanches d’un ordre expiatoire, Com- prenez-vous les regards de ces religieux, épris de leur beauté divine, de ces deux êtres qui ne se touchent pas ? « Je vous ai réservée à Dieu auquel seul, entendez-vous, vous devez appar- tenir. et le chef-d’œuvre se fera. »

Quant à la direction spirituelle, voilà encore une illusion à perdre. Oh ! ces conseils ! L’aplomb de ces truismes ! La lu- mière qu’ils allument, leur opportunité, rappellent ces ordres