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ANNÉE 1902

ANNÉE 1902 * 263

rappelle les sons, ils me semblent rapprochés avec les mou- yements, les habitudes mieux saisies de ce qui bruit. Ou, pas même cela, mais plus de réalité au monde le fait tendu, vi- brant, ouvert à la circulation des ondes sonores.

3 septembre.

Elles sont désorientées, malheureuses, désœuvrées ; dès qu’elles n’ont plus un chiffon dans les mains « elles n’ont rien à faire ». Le pire est qu’elles croient, et d’autres avec elles, à la valeur morale du « travail » à l’aiguille. Un effort ( !) qui ne correspond à aucun besoin, n’est pas un travail, c’est w# jeu Tl faudrait dire jouer à l’aiguille ! Et quand cela devient un besoin de tous les instants, un appel des nerfs, c’est #n éic.

6 septembre.

Hier, près de la mer qui dormait, avec un long rêve de nuées blanches au fond de l’âme, je lisais Rosebery sur Napoléon. Ces hommes d’État, quels gens simples ! au sujet de l’autre monde.

10 septembre.

Je me vendrais pour du yachting et je croirais encore faire une belle affaire ! 11 faut être dénué de toute vie intérieure pour ne pas garder mortellement la nostalgie d’une journée de pas- serelle dans les allongeoirs de toile blanche, éventée jusqu’à l’ivresse, dans l’élan sûr des onze nœuds forcés d’un long tangage, parmi la pureté des choses blanches, les tentes, les baleinières suspendues, les cordages secs et la mer plus à vous. qu’une route ne l’est jamais. Car c’est une impression d’inéi- mité, de clôture, qu’on ressent en pleine mer. C’est en somme en lointains, le minimum d’horizon, le même que dans la plaine. La montagne seule soulève le ciel pour nous. Mais on