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ANNÉE 1887

Le voyage a été assez agréable ; nous avions dans notre compartiment des gens qui étaient à Menton au moment du tremblement de terre. A Paris, j’ai vu Marguerite ; la pauvre fille ! En voilà une qui n’a pas de chance ! Prise de la rougeole juste au moment de sa première communion !

Arrivée à Brest, j’ai eu la rougeole ; ce n’est pas agréable du tout, surtout je mourais de soif. Je l’ai attrapée avec Alice Mathicu chez qui nous avons dîné.

Madame Michaud est arrivée pendant que j’avais la rougeole de sorte que je l’ai beaucoup moins vue. Ils sont repartis avant-hier en nous faisant promettre que nous irions à Brutul cet été.

Le premier jour que je suis descendue, j’ai trouvé deux magnifiques plants : un rosier de madame Michaud et un azalée de Tante.

Pendant ma rougeole, Catherine1 est venue très souvent me voir, elle m’a apporté deux petites corbeilles de fleurs et donné deux amours de petits serins. Maman m’a acheté une magnifique cage ou ils sont admirablement. Je les ai appelés Jeannot et Colinette. Malheureusement, je crois que je serai obligée de les séparer, car ils ne font que se battre.

Tonton m’a rapporté deux vases ravissants et il m’a donné le portrait de la Lionne et celui d’une chasse qu’il donna à des pirates. Tonton a pris des quantités d’armes aux pirates dont i1 orne son ancien bureau qui est maintenant le petit salon. Il y a des coupe-cous2, des revolvers, des fusils, des sabres, des lances, des hallebardes et des pavillons à hampes de cinq mètres que, naturellement, on a été obligé de scier.

En ce moment, il vient d‘arriver un horrible accident à bord du Duguesclin que commande M. Mecquet. En prenant le corps-mort il y a eu une manœuvre maladroite, et il y a eu trois hommes de tués et trente-huit de blessés dont dix-huit grièvement.

r. Catherine, nourrice de la mère de Marie Lenéru. 2. Coupe-coupes.