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316 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

Paris.

À propos d’occultisme, je leur disais que je ne ferais aucune difficulté de croire à tout, qu’il n’y avait qu’une chose à 1a- quelle je ne croirais jamais, c’est au témoignage humain.

13 octobre.

Être sourde, c’est probablement ne pas entendre, mais en tous cas, c’est se taire.

Quelle que soit la spontanéité qui vous soulève, ne fût-ce qu’une exclamation, résister au préjugé communicatif, se rappeler qué votre milieu, votre moment, n’est pas celui des autres : se taire, Quelle que soit la conversation, la discussion présente et dont on vous parle, quelle que soit la répercussion d’impatience ou d’entraînement éprouvée, quelle que soit la réplique vengeresse, mordre ses lèvres, se rappeler qu’ils par- lent et qu’ils crient : se taire.

Rencontrer une personne illustre, un être sympathique, un pauvre original, avoir la science de tous les accueils, sentir en autrui le désir de l’avance, mais comme je ne parle pas comme les toquées, pour le faire seule : passer, se taire.

Haute école de self control, de non-spontanéité, de solitude et d’indifférence.

5 décembre.

À X… : que la Vierge d’Avila ce n’est pas méchant, mais d’un ridicule prodigieux, que pour comprendre les saints il ne suffit pas d’être poète, il faut avoir eu envie de les imiter.

Mon Dieul qui nous délivrera de la sainteté littéraire, de tous ces troubadours de la sainteté amoureuse !