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IL décembre.

L’Athéisme avec cette jolie épigraphe de Gourmont : « Ce qu’il y a de terrible quand on cherche la vérité, c’est qu’on la trouve. » Je croyais aimer absolument. Le Dantec, et le ton de l’Athéisme ne me plaît pas. Je n’aime pas en ce genre les livres de vulgarisation et celui-ci n’a ni la méthode, ni le vocabulaire que j’exige pour ne pas croire. En outre, il plaisante, on devrait bien lui dire, même quand il écrit sur la tuberculose, de renoncer à être amusant. — Enfin, « athéisme » est un mot chrétien dont on ne peut se servir qu’à la condition d’en être au raisonnement de Pascal « ou il y a un Dieu, ou il n’y en a pas ». Et puisque cette alternative, bien loin d’exis- ter, n’’énonce même pas une hypothèse, le mot athéisme est sans signification, n’a droit à aucun usage scientifique.

Le Dantec attache aussi trop d’importance à « l’idée de Dieu », par exemple en la comparant à l’idée de la verticale absolue. Ce n’est pas l’idée de Dieu que nous avons ainsi, c’est l’idée de l’homme. Nous ne sommes pas si riches que nous croyons, même en idées fausses,

Et puis, je crois qu’il devrait tout remettre en observation quand il prétend avoir été dès son enfance, dès le catéchisme qu’il apprenait si bien, « un athée inné ». Comment peut-il n’avoir pas cru ce qu’on lui affirmait ? et surtout n’avoir pas compris ce qu’il croyait ?

Si les chrétiens étaient sincères, ils avoueraient tous qu’ils comprennent. J’ai eu beaucoup de peine à apprendre à ne pas comprendre. Et dernièrement, à propos des mystères, comme j’essayais d’expliquer ce qu’est une contradiction dans les termes, on m’a répondu : « Eh ! bien je comprends, je te jure que je comprends ! » ù

Nous avons deux morals, celui de la pleine conscience et du grand jour, et celui de la nuit, de la position horizontale, de la demi-conscience, Pour moi tout va mieux, mes yeux