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ANNÉE 1887

adieu, il a pris sa croix, l’a embrassée, puis, quelques instants après, il rendit le dernier soupir. Il a eu sa connaissance jusqu’au bout ; cependant, par moment, il avait le délire et ne faisait que parler de confirmation. Le jésuite qui nous prêchera la retraite assistait à sa mort, c’était de lui que M. le Curé avait eu tous ces détails.

Après le catéchisme, au lieu du Pater et de l’Ave qu’on dit généralement, nous avons dit un De Profundis pour Monseigneur.

Samedi 4 juin.

Hier, je suis donc allée à bord ; malheureusement, Henriette n’est pas venue, car elle avait un pensum. Je trouve la Tempête un très beau bateau. J’aime beaucoup son pont troué et toutes ses passerelles ; il y en a quatre ; à l’avant tout à fait, il y a une immense grue qui sert à remettre les ancres en place. Derrière, il y a une tour dans laquelle est deux canons. En faisant tourner la tour, on peut diriger les canons comme on veut ; après, commence l’espèce de coupée et enfin, à l’arrière de chaque côté, il y a une passerelle. Comme la grue gênerait pour le tir des canons, en temps d’attaque, on la baisse, et c’est justement cet exercice que Tonton a fait faire hier. Nous avons visité l’intérieur du bâtiment escortés de deux marins tenant une bougie, car c’est très sombre. C’est un bateau bien curieux que cette Tempête. Elle est divisée en compartiments séparés les uns des autres par une grande porte en fer. Donc, si la Tempête était fendue par le milieu, il n’y aurait qu’un petit compartiment de perdu, l’avant et l’arrière du bateau en formeraient deux séparés.

C’est demain que commence la retraite ; elle se fera encore avec plus d’ordre que l’année dernière, car M. Kerloëgen a prié toutes les maîtresses de lui faire savoir dimanche à midi, le nombre exact de bancs nécessaires pour leurs enfants.

Aujourd’hui, malheureusement, le temps n’est guère beau, pourvu que ce soit autrement jeudi.