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précédents — quand son ignorance ne suffrait pas à l’en pré- server. Il est plus près de l’impression directe, cette impres- sion presque impossible à obtenir d’une tête littéraire.

Je le répète, il faut qu’un auteur donne le Za. Il ne perdra pas son temps. Il verra les belles variations qu’on lui servira sur ce la. Ils ne sont que paresseux, non pas à juger, non pas. même à louer, maïs à inventer leur jugement.

Pour le Redoutable, tout le mal est venu de moi. Non seule- ment je n’ai rien voulu dire de la pièce aux journaux, mais je me suis vantée d’avoir écrit pour le public. Vous vous imaginiez qu’ils n’allaient pas dire comme vous ! Et les bien intentionnés, les fervents de votre art pur, ceux qui vous disent : « Voyez- vous, ne faites plus de concessions, » Eh ! je vous prie, récrivez donc le Redoutable à votre manière,

DEPUIS LA GUERRE

« Il n’y a rien à faire à cela et il n’y a rien à dire. Le soldat mesure la quantité de terre où on parle une langue, où règnent des mœurs, un esprit, une âme, un culte, une race. Le soldat mesure la quantité de terre où une âme peut respirer. Le sol- dat mesure la quantité de terre où un peuple ne meurt pas. C’est le soldat qui mesure la quantité de terre temporelle, qui est la même que la terre spirituelle et que la terre intellectuelle. Le légionnaire, le lourd soldat, a mesuré la terre à ce que l’on nomme improprement la douceur virgilienne et qui est une mélancolie d’une qualité sans fond. » (Péguy, 9 septembre.)

Pendant que se livre la grande bataille, quel besoin de voir sentir ainsil F. me parle mystérieusement des lettres de son mari : « lundi dernier ça allait très mal, on ne le dit pas aux populations ». Toujours les lettres de ce mari — qui est près d’Augagneur — ont ce ton-là. Dès le début on ne comptait sur rien, ni sur nous, ni sur les Russes. Pourtant on escomptait la victoire finale : Pourquoi ? — La famine en Allemagne. Comme