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Dans cinquante ans, les successeurs de tous ces gens-là feront vivre leurs talents d’ironies vengeresses contre la croyance aux mobilisations générales, nécessités humaines ; mais les initia- teurs, d’où leur vient donc leur flamme ? Je compte beaucoup plus sur les hommes d’action. Ne perdez pas de vue les meil- leurs artisans de cette guerre, les hommes des canons, des mu- nitions et aussi certains chefs qui sauront pleurer les leurs autrement qu’avec des larmes de crocodile. Les Lloyd George, les Charles Humbert ont seuls les épaules qui supporteront l’autre lutte. Je trouvais hier dans un article d’Humbert à propos de l’entente financière des alliés : « Ce ne sont pas en- core les États-Unis d’Europe, mais c’est un acheminement | » Tiens, tiens, tiens !

— Larguier blessé ? Dites-lui que je salue cette auréole à son beau talent déjà si noble. Ah ! les confrères nous enfoncent irrémédiablement, nous ne saurons jamais être assez envieuses, assez humiliées. Oui, c’est beau, exaltant, magnifique pôur ceux qui ont le droit de ne voir que ce côté-là. Droit qui n’ap- partient qu’aux seuls combattants.

Ainsi, il y a des gens qui me donnent des « illusions » ? Cela ne va guère avec ma tournure d’esprit, et je me demande où je peux bien en avoir exprimé. Ce n’est pas un cri d’espoir, mais un cri de révolte que j’ai poussé. Seulement personne ne lit jamais un texte, on regarde dans sa tête ce que l’on a l’habi- tude de penser sur la question. Miss Stephens est allée voir Mme Duclaux et a dit que c’est l’article de Me Lenéru qui est le plus remarqué en Angleterre, parce que c’est le seul qui réa- gisse sous les faits, les autres se bornent à les raconter. Or, le public anglais du Book of France, c’est le Cabinet, la haute aristocratie et les intellectuels.

Soyez certaine que ceux-là se demandent déjà si la « géné- reuse illusion » n’est pas de croire que les gouvernements trou- veront indéfiniment les peuples prêts à se faire massacrer. Voyez les recrues que les Trade-Unions sont en train de don- ner à l’Angleterre, Une autre fois, elles n’auront qu’à dire