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bn. | 376 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

non. Je lis leurs journaux, je sais qu’elles s’y préparent. C’est- à-dire que la paix les menace comme une épée de Damoclès, eux qui n’osent pas la vouloir, mais à quelles luttes ils nous obligeront !

Je ne crains pas la guerre, le jour où il n’y aura plus de non- combattants pour la faire, 3

Confondre la clameur, l’élan qui suit un décret de mobilisa- tion avec une manifestation de l’esprit belliqueux, de l’ins- tinct combatif des peuples, quel impardonnable malentendu ! Ce n’est plus l’heure des manifestations de l’instinct et des as- sentiments individuels. Il ne s’agit même pas d’un assentiment collectif. Un régiment qui se révolte, un homme est fusillé sur dix. Le piège est d’une machination impeccable. Mais pour- tant ces chants, ces cris ? Ah ! ce n’est pas la guerre qu’ils sa- luent et le service, si contestable au fond, à la patrie, c’est la mort. Tant qu’à marcher au sacrifice, ils préfèrent y aller noblement. de sie ne 4x Es D’QE EE 2 8 D aie rs à Si à

M. Sazonoff, en novembre 1915, réclame un traité de com- merce entre France, Angleterre et Russie : « sans quoi cette guerre terrible aurait été livrée en vain ». Quel aveu du néant des opérations militaires ; un traité de commerce entre alliés, pour donner une finalité quelconque à la guerre !

A Puech : Mais non, nous ne sommes pas seuls. Que ferions- nous des êtres d’une autre race ? Nous somes là, cela suffit, et nos champs de bataille sont peuplés invisiblement de tout ce que nous avons d’âmes. Vous êtes plus gâtés que les héros d’Homère et les pieux chevaliers du moyen âge. Au lieu des Minerve et des St, Michel, personnages d’importance mais assez décevants, vous avez nos âmes d’aujourd’hui, travaillées, achevées par les siècles, plus intelligentes, plus vibrantes, plus émues, C’est à elles de donner à tous ceux qui tombent, par la fidélité et la transmission du souvenir, la seule immortalité qui