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et « illusion ». Le pacifiste a moins de rêveet d’illusion que vous. C’est parce qu’il n’a pas la moindre confianceen vos pactes et en vos paix, qu’il lui faut absolument autre chose. C’est parce qu’il n’a aucune illusion sur vos lendemains qu’il élabore non pas un rêve, mais un pfogramme et comme l’a dit Norman Angell : « Plus nous nous heurterons aux difficultés, plus s’en exalteront nos énergies, » Il est temps que vous fassiez con- naissance avec le pacifisme à poigne, au lieu de vous épancher en ces livres bavards sur les « guerres de races » et les « guerres — de culture ». Le cerveau de l’homme est inépuisable quand il s’agit de donner un sens à ce qui n’en a pas. Oui, nous Sommes un animal très intelligent, et l’histoire et la politique sont d’in- comparables terrains d’exercice pour l’assouplissement de nos esprits. On finit par être las des faits, des faits qui nous don- nent toujours raison ét qui confondent l’adversaire, et cela avec une égale vérité de part et d’autre. On peut tout dire, les vérités Les plus contradictoires, « à la lueur des faits », devien- nent la vérité également plausible, également frappante pour peu qu’un homme d’esprit s’en mêle. Tout est facultatif ici, et interchangeable. Alors je m’embarque carrément pour là où je veux aller à la Frédéric II, il y aura toujours assez d’histo- riens, de sociologues, de politiques et d’économistes, pour prou- ver ensuite, quand j’aurai fait ce qui m’a plu, que la « lueur des faits » et « la loi de l’histoire » annonçaient mon succès.

À M. Sageret : En fait delibre-échange, je n’en demande pas plus que vous ne m’en dites. Le jour où il sera bien avéré que la guerre est un monde factice, sans autre fin qu’’elle-même, sans aucune utilité pratique devant les réalités de la paix, le pas accompli sera déjà énorme.

16 juin. À Henriette : J’avoue que je trouve ces admirables morts

plus déchirantes encore que les autres. En ce moment on se demande comment on pourra survivre. Il est à la fois abomi-