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ANNÉE 1887

qué ce que c’était que les Jésuites ; moi, je trouve que c’est un grand soutien pour l’Église catholique et que si cet ordre n’existait pas, dans peu de temps la vraie religion serait abso- lument anéantie en France. Cependant, le jésuitisme fait bien tort au clergé séculier, en ce qu’il écrème tout ce qu’il y a d’in- telligent et qui voudrait se faire religieux. Les jésuites ne sont pas très francs non plus, cela les rend moins estimables.

On a aussi parlé de l’Apocalypse ; je voudrais tant lire cela. Je parie que cela me ferait peur et que j’en deviendrais meil- leure, Pour le moment, je me contenterai 4e lire mes livres de piété qui sont aussi bien bons.

C’est une pauvre femme bien intéressante que Mme Gous- guen : elle est veuve, sans pension, et a quatre enfants ; aussi, dès que j’aurai fini le « nuage » que je fais à maman, je lui ferai un ouvrage au crochet pour ses enfants et Henriette lui fera de même un jupon de laine.

Je me suis remise à mon journal, un peu aux dépens de mon piano, que je n’ai pas très bien étudié. Enfin demain je l’étu- dierai mieux. Non ! demain c’est dimanche, mais après-demain.

Mon Dieu, mon Dieu, que j’ai donc hâte à demain ; je n’au- rai plus un seul péché sur la conscience !

3 heures x /2. — Que je suis contente ! Je me suis tout à fait bien confessée, seulement, comme j’avais des choses qui m’en- nuyaient à dire, je me suis surtout occupée d’avoir le courage de les dire, en sorte que je ne me suis pas excitée à la contri- tion ; mais j’ai dit à M. le Curé que je trouvais que je ne regret- tais pas assez mes péchés, alors il m’a dit qu’il suffisait de de- mander de tout son cœur au bon Dieu de vous les faire regret- ter ; comme je le Lui ai bien demandé, je suis très tranquille. Je m’observe beaucoup, jusqu’ici je n’ai pas fait de péchés, mais je crois que je n’ai pas été tout à fait assez attentive en disant ma pénitence qui était une dizaine de chapelet. Je suis contente de moi, parce que j’ai su être complaisante en termi-

“nant à Andrée /a Bouillie de la comtesse Berthe qu’elle m’avait