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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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jours des vers, c’est bien intéressant. Mes amies sont très gentilles — (excepté Gabrielle et Mathilde, mais ce ne sont pas mes amies) — c’est bien agréable. Henriette apprend toujours ses leçons haut, c’est bien gênant et aussi bien ennuyeux, parce que ça me fait faire des « chut » très impatients, Le temps est toujours mauvais et sombre ; c’est bien pour vous donner mal à la tête, mais pas pour vous égayer. Virginie A… nous faisait l’autre jour cette dernière réflexion, mais je crois que ça ne la touchait pas beaucoup, car elle ne fait que rire du matin au soir.

C’est moi qui vais quêter dimanche prochain à la persévé- rance. Oh ! je tremble. C’est que je ne suis plus moi, je deviens très timide et j’aurais bien voulu ne pas quêter. Mais maman et Tante me mettront chacune cinq francs, en sorte que je suis contente.

Je n’ai pas fait 20 pages, mais ce que j’ai fait c’est très long pour moi, et comme j’ai la main fatiguée, je m’arrête.

Mercredi 25 avril.

Il est neuf heures — (du matin, naturellement) — j’ai bien encore une leçon à appréndre, mais je ne trouve plus mon livre, et ce qui est le plus ennuyeux, c’est que ce livre est à Mademoiselle, Peut-être est-il au cours. Je me suis arrêtée pour apprendre ma leçon car j’ai retrouvé mon livre ; j’en suis bien contente, C’est aussi que j’ai prié St Antoine de Padoue, je me demande ce que je pourrais faire pour le remercier. I1 m’a déjà fait retrouver : une image à évangile, un cahier sur lequel j’avais copié des vers, un cahier improvisé avec des vers aussi, la bague que Gabrielle B. de B. m’avait donnée, ce livre, enfin je ne sais combien d’autres choses ; c’est très triste à dire, mais j’ai tellement de désordre qu’il ne se passe pas un jour sans que je perde quelque chose. Je me demande comment je ferais si St Antoine de Padoue n’existait pas.

Je vais faire un tableau de tous les défauts dont j’ai à me