Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/12

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Vénus, la mère des Grâces, a aussi sa rivale dans Lakchmî, déesse de la beauté, produite comme elle, chose étonnante ! de l’écume de la mer. Apollon offre avec Krichna un grand nombre de rapports, et peut-être ne serait-il pas impossible d’en trouver entre les Muses et les Gopis qui accompagnent sans cesse leur dieu favori, le plus beau des immortels !

Quant au Bacchus grec, il serait difficile de ne pas en reconnaître l’identité avec le Bacchus indien, né sur le mont Mérou ; circonstance qui a fait imaginer aux mythologues grecs, le conte de sa prétendue naissance de la cuisse de Jupiter, par allusion aux mots Mérou et Méros, comme on le reconnaît généralement.

Et Kâma, le frère de l’Amour grec, aussi malin, aussi gracieux que lui, sous quelle séduisante allégorie ne nous est-il pas représenté par les poètes indiens ? C’est un enfant charmant, qui a pour amis inséparables le Printems et le Zéphire ; armé d’un arc formé d’une canne à sucre, d’un carquois garni de cinq flèches, en nombre égal à nos sens, bien aiguës, trempées dans des sucs d’une vertu brûlante, et dont il se sert sans pitié, pour porter incessamment le trouble dans les cœurs ; armes aussi rapides que la foudre, et auxquelles s’est trouvé jadis en butte un pauvre ermite, dont le poète Viasa nous a transmis l’histoire.

Mais avant d’en commencer le récit, qu’il me soit permis d’arrêter encore un seul moment votre attention sur quelques particularités relatives à Indra, et qu’il est nécessaire de connaître, pour bien saisir l’es-