Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/13

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prit de cette petite fable, extraite du Brahmâ-Pourâna, ouvrage dont la composition peut, au sentiment des plus savans Indianistes, égaler en antiquité les poésies d’Homère.

Indra, quoique le même que le Jupiter grec sous bien des rapports, en diffère cependant en ce que son trône n’est pas aussi bien affermi que celui de ce maître des dieux. Si Jupiter a couru une fois le risque d’être détrôné par les Titans, il les a exterminés ; et mettant fin ainsi à leurs entreprises audacieuses, il a régné depuis en toute sécurité : mais il n’en est pas ainsi d’Indra, car il peut perdre son rang de chef des divinités secondaires, et se voir forcé par l’immuable Brahma, ou le Destin, à le céder à tout pénitent qui, par d’effrayantes austérités, surpasserait le mérite qu’il se serait lui-même acquis précédemment.

Ce dieu donc, au milieu des délices qui l’entourent dans son habitation céleste ; malgré le charme des divins concerts des Gandharvas, des danses aériennes des voluptueuses Apsaras, n’est pas sans inquiétude. Aussi ses regards penétrans comme ceux de l’aigle, se promènent par intervalles sur la terre, sur ces sombres forêts surtout, dans l’ombre desquelles les farouches Yoguis aiment à s’ensevelir. En aperçoit-il quelqu’un dont les austérités, sur le point de recevoir leur accomplissement, pourraient lui porter ombrage, il députe aussitôt vers lui la plus agaçante des nymphes de sa cour, en lui enjoignant de mettre tout en usage pour séduire le vertueux anachorète : et s’il succombe à la tentation, le voilà obligé de recommencer de