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langue toute particulière qu’il avait nommée Balaïbalan, c’est-à-dire, la langue de celui qui vivifie ; tous les docteurs et les scheikhs avouaient qu’il avait développé dans cette langue tout ce qu’il y a de plus profond dans la science de l’interprétation de l’Alcoran, dans celle des traditions, et dans la doctrine mystique des sofis. Pour que l’on pût acquérir l’intelligence des matières qu’il avait traitées dans cette langue, il avait réuni eu détail, dans un volume, les racines de cette langue, les mots dérivés de ces racines, suivant une analogie constante, et ceux qui n’en sont pas dérivés, et les synonymes ; et il y avait aussi expliqué la grammaire, tant la partie étymologique que la syntaxe, la rhétorique et les expressions techniques. L’auteur donne ensuite pour exemples quelques phrases écrites en balaïbalan, avec leur explication en turc.

On apprend par lui que l’invention de la langue balaïbalan ne remonte guères au delà de l’an 1000 de Hégire, et que l’auteur de cette langue l’a nommée ainsi, parce qu’il portait lui-même le surnom ou titre honorifique de Mohyi. Ce titre n’est que l’abrégé de Mohyi-eddin, c’est-à-dire, le vivificateur ou le restaurateur de la religion. L’usage des temps modernes est d’abréger ainsi ces titres honorifiques. Le mot Balaïbalan signifie donc proprement la langue de Mohyi ou Mohyi-eddin.

J’ai cru utile de faire connaître ces particularités, que j’ignorais quand j’ai rédigé la Notice du dictionnaire et de la grammaire de l’idiome balaïbalan.