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OINA ET RIYA,
POÈME
Traduit du persan de Djâmy,
Par M. de Chézy.
Motamer, chef distingué parmi les Arabes, se rendit un soir au tombeau du prophète. Il se livrait à peine à ses pieuses méditations, qu’un long gémissement vient frapper son oreille attentive, et bientôt il entend former cette plainte touchante :
— Quelle peine t’agite, ô mon cœur, dans cette nuit funeste ; quel est ce poids insupportable dont tu te sens oppressé ?... Est-ce la voix du rossignol, qui, en faisant retentir les airs des accents de la douleur, te fait palpiter avec tant de violence ; ou bien ton amie dans cette nuit obscure méditerait-elle son départ ? te serait-il annoncé par ces sombres pressentiments..... Ô nuit ! d’où te vient cette lenteur cruelle ? Le firmament est-il donc devenu immobile? l’astre du jour s’est-il égaré de sa route accoutumée ?..... Pourquoi le chantre du matin ne fait-il pas entendre sa voix éclatante ? pourquoi le Moézzin demeure-t-il muet au haut du minaret sacré ?... Hélas ! et je n’ai pas un ami pour recueillir mes larmes !.....