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Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/208

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verneur envoyait des troupes à leur poursuite, ils se réfugiaient dans les montagnes, et reparaissaient aussitôt que les troupes avaient le dos tourné. Si cherchant à les atteindre nos soldats marchaient à l’Orient, les brigands tombaient à l’Occident sur un peuple sans défense ; et comme les premiers n’étaient pas exercés à parcourir les montagnes, sur dix bataillons qu’on y envoyait, neuf y trouvaient leur perte. Ne pouvant obtenir la paix par la force des armes, notre gouverneur tenta de l’acheter à prix d’or ; mais quand il avait satisfait les prétentions d’une bande, il s’en présentait toujours une autre avec laquelle il fallait marchander sur nouveaux frais. On ne saurait évaluer les sommes qui furent ainsi perdues en négociations. Ce qu’il y a de certain, c’est que rien ne réussit au gouverneur, et que la situation des habitans devint chaque jour plus déplorable.

Les deux inspecteurs de la province voyant le mauvais état des affaires, et craignant avec raison que l’énorme déficit qui se trouvait dans la caisse provinciale ne leur fût imputé par la suite et n’entraînât leur ruine, se virent dans la nécessité d’envoyer à la cour un rapport sur la conduite du gouverneur. Ils le représentèrent comme un homme également inhabile à la guerre et aux négociations, qui ne savait que prodiguer les deniers publics, et qui était incapable de maintenir l’ordre dans la province. Ils concluaient en suppliant la Majesté de l’empereur d’ordonner le renvoi de leur rapport au ministère compétent, de prononcer sur son avis la destitution du gouverneur ainsi