Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/22

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entre les Musulmans et les Arabes qui s’étaient fait chrétiens. Dhérar, malgré ses efforts prodigieux, est enveloppé de toutes parts. Les chrétiens se saisissent de sa personne, le chargent de fers, et le conduisent à Antioche. La nouvelle de la défaite de Dhérar étant parvenue à Abou-Obeidah, lui et les musulmans gémissent sur son triste sort ; et Khoulah, fille d’Al-Azwar, sœur du héros captif, exhale sa douleur en ces termes :

« Hé quoi ! n’y a-t-il personne qui puisse nous donner des nouvelles de mon frère ? Qu’on me dise ce qui peut le contraindre à rester si long-tems éloigné de nous. Hélas ! si j’avais su que nous dussions nous séparer pour ne plus nous revoir, je lui aurais réitéré les plus tendres adieux. Lugubre oiseau, qui naguères me prédis son départ, n’apporteras-tu donc pas la joie dans nos cœurs, en nous annonçant l’arrivée prochaine de l’absent bien-aimé ! Comme tous nos jours étaient calmes et sereins, quand mon frère restait auprès de nous ! Il faisait notre félicité et nous faisions la sienne. Ah ! que Dieu combatte et extermine la séparation ! Qu’elle est remplie d’amertume ! Que ses traits sont meurtriers ! Ah ! que veut-elle de nous ? Je me rappelle les momens délicieux que nous avons passés avec mon frère. Pourquoi faut-il que la fortune inconstante nous ait éloignés l’un de l’autre ! Si jamais il revient à sa demeure chérie, je couvrirai de baisers les pieds de sa monture. Ô douleur ! puis-je oublier l’instant où il m’a été dit : Dhérar est dans les fers ; nous l’avons laissé sur le sol de l’ennemi, et nous