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de doute que cette tête sans inscription ne soit celle de Sapho. Ainsi il n’était pas parfaitement convaincu que ce fussent ses traits.

Quoique Strabon ne désigne pas quelle est celle des deux Sapho à laquelle se rapporte le superbe éloge qu’il fait de ses talens poétiques ; comme il est incontestable que c’est de la célèbre, de l’incomparable poétesse qu’il a voulu parler, et que celle-ci était de Mytilène ; il est évident qu’il a voulu parler de la Sapho mytilénienne. Nous faisons cette remarque, parce que M. Visconti (Iconogn gr. tom. Ier. p. 70) a dit : « L’autorité de Strabon serait d’un grand poids, si, en nommant Sapho il eût donné à entendre qu’il voulait parler de la célèbre poétesse de Mytilène ». Et quel besoin avait Strabon de dire que son héroïne était de Mytilène ? Le magnifique éloge qu’il en fait, pouvait-il s’adresser à d’autre Sapho qu’à celle qui était la poétesse incomparable ? Tout le monde savait alors que celle-là était de Mytilène.

Le cabinet royal de Berlin possède une petite médaille en bronze, qui provient de la collection de Pauw, l’auteur des Recherches philosophiques sur les Grecs, etc. ; elle a été publiée par Gessner d’abord[1], et dernièrement par M. Sestini[2], sous le nom de Sappho poetria. Deux choses préviennent contre cette médaille : 1°. son peu de conservation, qui n’a pas permis de lire le nom de la Ville qui l’a fait frapper ; 2°. le nom de Sapho, écrit ΣΑΦΦΩ par deux Φ. Or,

  1. Viri illustr. Tab. IV, fig. 23.
  2. Letter. Numismatic. Tom. VIII, p. 71.