Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/242

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répond Viravar. — Quels sont donc, reprend le roi, tous les secours que vous m’offrez ? — Mes deux bras, dit le guerrier, et mon épée. — Vous demandez, répond le roi, une chose impossible. À cette réponse, Viravar s’incline respectueusement et se retire. Les conseillers du prince lui dirent alors : Seigneur, on pourrait donner à cet homme la paye de quatre jours, et savoir ce qu’il vaut. Si son service vous convient, consentez à sa demande ; s’il vous déplaît, vous pourrez le congédier. D’après l’avis de ses conseillers, le roi rappelle Viravar, lui présente le bétel d’honneur, et lui accorde la solde de quatre jours ; mais en secret il surveille l’usage qu’il en va faire. Viravar en donne une moitié aux dieux et aux brahmanes : l’autre moitié est partagée en deux portions, l’une distribuée aux pauvres, et l’autre dépensée en festins et en plaisirs. Après avoir ainsi employé de suite tout son argent, le guerrier s’arme de son épée, et se rend au palais du roi qu’il ne quitte plus ni le jour, ni la nuit, attendant toujours l’ordre du prince lui-même pour aller se reposer dans sa maison.

On était à la quatorzième nuit de Krichna[1]. Le roi Soubhraka entend des cris plaintifs, et s’écrie : Quel est le guerrier de garde ? — Prince, c’est moi, dit Viravar. — Voyez, reprend le roi, d’où viennent ces gémissemens. — Vos ordres seront exécutés, répond Viravar.

  1. On appelle ainsi chez les Indiens la première partie du mois lunaire.