Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/243

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Il dit, et sort du palais. Le roi se dit alors en lui-même : J’ai envoyé ce guerrier seul au milieu d’une nuit obscure pour aller à la découverte : j’ai eu tort, je veux moi-même suivre ses pas et tout voir par mes yeux. Il prend ses armes, suit de près son émissaire et arrive hors de la ville. Cependant Viravar a rencontré une jeune et belle dame, toute couverte d’ornemens brillans. Il lui demande : qui êtes-vous ? quel est le sujet de vos pleurs ? Cette dame lui répond : Je suis la Fortune du roi Soubhraka. Depuis long-tems la force de mon bras a soutenu son bonheur. Mais aujourd’hui je pars, et je m’en afflige. Mais, dit Viravar, ô déesse, n’est-il aucun moyen de vous retenir, et de conserver encore votre protection au prince qui vous doit sa prospérité ? Il est un moyen, répond la Fortune, c’est de m’immoler ton fils Saktivar, cet enfant doué de tant d’heureuses qualités. À cette condition je puis consentir à rester encore ici. Elle dit et disparaît. Viravar retourne dans sa maison. Son épouse et son fils étaient endormis : il les réveille ; ils se lèvent et s’approchent de lui. Le guerrier leur répète les paroles de la Fortune. À ce discours, Saktivar, transporté de joie, s’écrie : Que mon sort est heureux ! je suis appelé à sauver le royaume : qui peut m’arrêter ? mourir pour une semblable cause est un destin glorieux. Ce sacrifice est douloureux, dit la mère de Saktivar, mais il est digne de notre sang ? Par quelle autre preuve de reconnaissance pouvons-nous payer les bienfaits du prince ?

Tous les trois se rendent à l’autel de la déesse : Vi-