Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/26

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serts. Je défendais sa demeure contre toute attaque étrangère, et je lui prodiguais les soins les plus assidus, lorsqu’elle se trouvait dans l’affliction et dans la détresse. Mais aujourd’hui, je n’ai eu en vue que la gloire de Dieu, en combattant avec ma lance ceux qu’il a maudits ; et j’ai voulu réjouir la plus excellente des créatures, Mahomet, dans l’espérance d’obtenir la victoire au jour du jugement. Ah ! celui qui redoute ce jour doit s’efforcer de plaire à son Dieu, en exterminant les adorateurs impies de la croix. Animée par cette crainte salutaire, ma sœur a livré, comme moi, bataille aux incrédules, et elle n’a point cessé de se précipiter sur eux la lance à la main. Elle me disait au moment que nous allions nous séparer : Ô mon frère, je sens que je ne pourrai point supporter ton absence. Ô mon frère, quelle dure séparation ! Qui viendra de ta part nous apporter l’heureuse nouvelle de ton retour ? Ah ! lorsque l’homme a quitté la terre qu’habitent les siens, la fortune a décidé d’avance s’il reviendra dans sa patrie ou s’il périra loin d’elle. Allez donc, généreux amis, et portez à ma sœur un tendre salut. Dites-lui que son frère est mort dans un pays étranger, victime de la cruauté de ses ennemis. Dites-lui que c’est en défendant l’islamisme et le plus pur d’entre les hommes, qu’il a été renversé, couvert de blessures, mis en lambeaux ; et vous, colombes, habitantes de l’Arak, portez le message d’un amant qui ne peut revenir de son ivresse. Colombes de Nagd, allez redire les paroles d’un infortuné qui soupire sans cesse après l’armée des mu-