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quoiqu’il paraisse aussi constant que les Indiens ne possèdent pas et n’ont jamais possédé d’ouvrages historiques relatifs à leur nation, il est permis d’avoir quelques doutes sur la solidité de ces deux opinions. Il est difficile d’imaginer l’existence d’une grande nation civilisée, assez indifférente à tout ce qui la concerne, pour ne pas chercher à en conserver le souvenir ; et quand même il n’existerait aucune grande composition historique proprement dite, l’orgueil individuel et celui seul de famille suffiraient pour faire écrire des mémoires particuliers, de simples généalogies même. À défaut d’autres monumens, ce sont encore des documens historiques. Or, on sait, par les récits des voyageurs, par les informations des Anglais et par les écrits des Persans, qu’il existe dans l’Inde actuelle beaucoup de monumens de ce genre, rédigés dans les différens idiomes répandus dans la presqu’île. On pourrait concevoir jusqu’à un certain point que, depuis l’invasion des musulmans, les naturels s’intéressent peu à l’histoire d’un pays qu’ils ont cessé de posséder sans partage, et que des écrits comme ceux dont je viens de parler soient les seuls qu’ils possèdent maintenant. Ces ouvrages, d’un intérêt purement local, suffisent sans doute pour les petits états indigènes, disséminés au milieu des conquérans de l’Inde, avec plus ou moins d’indépendance : ils doivent être peu connus hors du pays qu’ils intéressent particulièrement, et ils doivent paraître assez peu importans pour qu’on n’ait pas fait de grands efforts pour en acquérir une plus ample connaissance. Mais, je le