Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/37

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Fourmont, est plutôt propre à égarer qu’à instruire, quand bien même on serait sûr de la comprendre parfaitement ; et peut-être sans injustice doit-on considérer cet ouvrage comme une des principales causes qui ont contribué à tant retarder jusqu’à nos jours les progrès qu’on aurait pu faire dans l’étude du Chinois. Il vaut mieux effectivement être sans guide, que d’en avoir un qui vous induise en erreur. Ce n’est pas cependant qu’on n’ait publié divers ouvrages plus ou moins propres à donner une idée quelconque de la langue chinoise ; mais les uns sont si rares et les autres, il faut le dire, si mauvais, qu’il a fallu vraiment toute la modestie de l’auteur de la nouvelle grammaire, pour que dans son intéressante préface, il n’ait pas réduit entièrement à leur juste valeur tous ces essais informes. Doit-on, en effet, considérer comme un travail bien utile, une trentaine de pages consacrées aux notions grammaticales les plus vulgaires qui sont perdues au milieu de l’ouvrage du P. Varo, intitulé : Arte dela lengua mandarina, imprimé à Canton en 1703 ? Cependant toutes médiocres et insuffisantes que peuvent être ces trente pages, leur sort a été assez singulier. Il est de fait que jusqu’aux grammaires chinoises et anglaises, publiées à Sérampour en 1814 et 1815, par MM. Marshman et Morrison, on n’a possédé dans des langues et sous des titres différens que les trente pages du P. Varo, et que leur véritable auteur a été dépouillé de la portion de gloire, bien petite assurément, qui lui appartenait légitimement.