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Page:Journal asiatique, série 10, tome 18.djvu/514

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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1911.

la traduction, la date approximative de 900 A. D., et de laisser une marge d’un siècle pour l’exécution du manuscrit lui-même[1].

Un certain nombre de corrections seront indiquées ou proposées dans les notes. Ici même, il faut en signaler deux qui portent sur l’ensemble du texte. L’une concerne 智惠 tche-houei, qui signifierait mot à mot « bienfaisance sage » ; mais cette expression est anormale, et comme, à l’époque des T’ang, houei et houei sont sans cesse confondus, nous avons toujours traduit comme s’il y avait 智慧 tche-houei, « sagesse »[2] ; la comparaison avec les sources orientales et occidentales ne laisse d’ailleurs aucun doute sur la légitimité de cette correction. Le cas de siang est plus délicat. Ce mot a des sens assez divers, mais il apparaît que, dans les énuméra-

  1. On verra au cours de la traduction que le texte n’est pas exempt de lacunes d’interpolations et même d’un certain désordre.
  2. Dans les noms de moines bouddhistes débutant par l’un de ces deux caractères, on ne sait même souvent en faveur duquel on doit se décider. Par exemple on trouvera un même moine appelé 惠生 Houei-cheng dans le Wei Souei chou et le Lo yang k’ie lan ki, mais 慧生 Houei-cheng dans le Pei che et le Souei chou (cf. B. E. F. E.-O., III, 379, 380, 382, 388) ; le moine Houei-tch’ao, dont le récit de voyage en Inde, également retrouvé à Touen-houang, a été édité lui aussi dans le Touen houang che che yi chou, est appelé 慧超 Houei-tch’ao à la table du chapitre 100 du Yi ts’ie king yinde Houei-Lin, et 惠超 Houei-tch’ao dans le corps de ce même chapitre ; et la confusion est si naturelle que l’éditeur du Touen houang che che yi chou, M. Lo Tchen-yu, en la signalant dans le texte de Houei-lin, n’y a pas échappé lui-même, car il écrit successivement 慧琳 Houei-lin et 惠琳 Houei-lin. La véritable expression tche-houei, « sagesse », est employée, à propos d’un prêtre manichéen, dans le chapitre 971 du Ts’ôfou yuan kouei, mais la confusion reparaît quand ce même texte est reproduit dans le chapitre 997 (cf. Chavannes, Le nestorianisme, p. 47-48). Le fragment manichéen de Paris donne la bonne forme tche-houei, « sagesses ». Par contre l’inscription de Kara-balgasoun, qui est en partie consacrée, elle aussi, au manichéisme, porte à la ligne 21 智惠, tche-houei, où le second caractère est sûrement inexact (cf. Schlegel, Die chinesische Inschrift, p. 67, où la traduction « Weisheit und Herzensgüte » est à rejeter). Le véritable caractère houei n’apparaît qu’une fois au cours de tout notre texte (fol. 13 ro), dans une expression qui n’est d’ailleurs pas tche-houei.