Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
DATE ASTRONOMIQUE DES ÉPÎTRES DES IKHWÂN AṢ ṢAFÂ.

essentiellement favorable. La rédaction des Épîtres doit donc être de peu d’années antérieure ; or, la date à laquelle il est fait allusion est le 19 novembre 1047 de notre ère, 26 Djoumadâ I. 439 de l’Hégire.

La conjonction, القران, dont il est question est celle des deux planètes supérieures Saturne et Jupiter qui, à ce que nous apprend Ibn Khaldoûn[1], se produit tous les vingt ans dans une même triplicité ou trigone du zodiaque douze fois de suite, puis passe dans une autre triplicité, puis dans une troisième et une quatrième. À chaque triplicité correspond une période de 240 ans ; le retour à la même triplicité se fait en 960 ans.

Il y a donc quatre triplicités. Le 28 août 571, qui répond à la naissance de Moḥammed, la conjonction est entrée dans la triplicité aquatique qui comprend Scorpion, Écrevisse et Poissons, et y a évolué dans cet ordre à quatre reprises jusqu’en 789. Le 3 octobre 809, elle est entrée dans la triplicité ignée (Sagittaire, Lion, Bélier). Enfin, le 19 novembre 1047, elle est passée dans la triplicité terrestre (Capricorne, Vierge, Taureau), comme nous l’avons dit plus haut. Il est visible, en effet, que les triplicités des végétaux et animaux sont équivalentes aux triplicités terrestres, la périphrase étant amenée par la rime.

Les dates que j’ai données plus haut sont celles qui figurent à la fin du mémoire si curieux du regretté de Goeje sur les Carmathes du Bahraïn et les Fatimides (2e édit.)[2]. Une table des conjonctions géocentriques de Jupiter et de Saturne a été dressée pour le savant orientaliste par l’astronome hollandais Van de Sande Bakhuyzen, et celui-ci estime que l’erreur à craindre ne dépasse pas un ou deux jours pour la date et n’atteint pas cinq minutes pour la position de la conjonction.

  1. Prolégomènes, éd. Quatremère (Notices et Extraits, XVIII), p. 186 ; trad. de Slane (ibid., XX), p. 217.
  2. Leyde, 1886.