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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/19

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DATE ASTRONOMIQUE DES ÉPÎTRES DES IKHWÂN AṢ ṢAFÂ.

phète, par la branche Ismaélienne. On a beaucoup discuté sur la véracité de cette prétention. S. de Sacy l’admet, de Goeje la rejette. Ce dernier (p. 12) dit : « S’il n’y a que confusion chez les partisans de l’origine alide, par contre, nous parvenons assez bien à accorder les relations éparses que nous possédons sur la famille d’Abdallah ibn Maïmoûn avec la généalogie qui fait descendre Obaïdallah[1] de lui. » Cet accord est illusoire, puisqu’il est détruit quand on fait naître ‘Abd Allah b. Maïmoûn vers 150 de l’Hégire. L’énigme reste encore à résoudre.

Quoi qu’il en soit de ces prétentions, il est certain que les Ikhwân as Safâ étaient affiliés à cette secte, et le texte que j’ai cité est une allusion évidente au triomphe attendu des Fatimides. Ce triomphe s’est réalisé presque exactement à la date indiquée. C’est le 1er janvier 1059 (13 Dhoû-l ḳa‘dat 450), onze ans et quarante-deux jours après la conjonction fatidique, que la khouṭbat fut prononcée au nom du khalife fatimide al Moustanṣir à Baghdâd[2]. Il est vrai que ce triomphe fut de courte durée et qu’il fut suivi d’une période de décadence ; mais les sectaires durent se consoler par l’expectative d’une autre conjonction. Il n’en est pas moins intéressant de voir que cet événement historique était prédit et escompté longtemps à l’avance[3].

De tout ce que nous venons de dire, il résulte que le texte des Épîtres, tel qu’il nous est parvenu, a été rédigé peu avant l’année 439 de l’Hégire, date de la vingt-cinquième conjonction de Jupiter et Saturne depuis la naissance du Prophète. Il est assez vraisemblable qu’il faut situer l’époque de la rédaction entre la vingt-quatrième et la vingt-cinquième conjonction, donc entre 418 et 439.

  1. Le fondateur de la dynastie dite fatimide en 296.
  2. Cl. Huart, Histoire des Arabes, I, p. 354.
  3. De Goeje (p. 196-197) n’a pas manqué de remarquer le rapport de cet événement avec la grande conjonction de 439.