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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/408

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MAI-JUIN 1915.

karna (etc… jusqu’à :) quand il l’eût préparé, il se rendit au lieu où était Bhagavat, et s’y étant rendu il dit à Bhagavat : Il est prêt, maître, le banc pour le Tathâgata et pour Srona Kotikarna dans la même cellule ; maintenant, quand le maître le voudra. Et Bhagavat se rendit à la cellule de Srona Kotikarna, et, s’y étant rendu, il entra dans la cellule et s’assit. Et il considéra en fixant sa pensée bien en face. Et le vénérable Srona Kotikarna, ayant lavé ses pieds en dehors de la cellule, entra dans la cellule, s’assit les jambes croisées en fixant sa pensée bien en face. Cette nuit-là, Bhagavat et le vénérable Srona Kotikarna la laissèrent passer dans un noble silence. Et Bhagavat, à l’heure où la nuit s’éclaire, vers l’aube, s’adressa au vénérable Srona Kotikarna : Que la Loi t’inspire, lui dit-il, dans toute sa clarté, telle que je l’ai énoncée, moi qui l’avais reconnue, moi qui m’étais pleinement éveillé par moi-même. Et alors le vénérable Srona, sur l’invitation du Bhagavat, avec le timbre du pays d’Aparântaka, récita tout

(1) La tradition semble avoir préservé ici une expression ancienne que la langue classique ignore par ailleurs. Le tibétain rend guptikâ par na ro, que S. G. Das traduit « a loud, deep voice : a cry » ; on emploie ce mol pour le rugissement du lion, du tigre, etc. La traduction chinoise a supprimé ce passage ; mais la comparaison des textes parallèles, et spécialement de Sv., plus étroitement apparenlé à MSv., montre clairement qu’il s’agit de désigner une prononciation spéciale, un accent local ». On retrouve une expression voisine de celle-ci dans le Divyâv., au Mândhâlâvadâna (XVII), qui est lui aussi emprunté au Vinaya des MSv. « Or, quand le roi Mûrdhâta et Sakra, l’Indra des dieux, eurent pris place sur le même siège, il n’y avait aucune différence, aucune distinction entre eux, aucune particularité individuelle, soit stature, soit corpulence, soit éclat du teint. Par le timbre de voix (svarajruptyâ) [on pouvait cependant les distinguer]. Et en dehors du timbre de voix, rien ? [Si ;] par le regard qui ne clignait pas chez Sakra, l’Indra des dieux. » Le passage correspondant ne se retrouve pas dans la version chinoise du Vinaya (Tök., XVII, 6, 13 et suiv.), ni dans la traduction séparée donnée par Che-hou (ibid., VI, 6). L’expression paraît aussi dans le Vinaya pali, Culla Vagga, V, 3, 1, dans un passage sur lequel j’aurai l’occasion d’insister, inf., p. 429. Le Bouddha y interdit la récitation chantée ; il énumère les défauts qu’elle entraîne « en se passionnant pour son propre timbre (surakutti), on brise sa méditation ». Buddhaghosa