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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/417

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SUR LA RÉCITATION PRIMITIVE DES TEXTES BOUDDHIQUES.

de croire que la liste des titres donnée dans le texte sanscrit est une interpolation, si la version tibétaine du Dulva ne venait pas contrôler — et sur certains points rectifier — le texte sanscrit. Il est donc permis de croire que le Vinaya des Sarvàstivâdin contenait la même énumération que le Vinaya des Mùla Sarvàstivadin, avec lequel il est si étroitement apparenté. Le texte canonique visé sous ces appellations multiples est sans aucune espèce de doute le recueil de l'Atthakavagga, qui forme le livre IV du Sutta Nipata pâli. L’Atthakavagga consiste dans une série de 16 poèmes ; de là « les 16 » de U. Dhg. Mss. Ces seize poèmes sont, conformément au procédé ordinaire des diascévastes indiens, classés par ordre de longueur croissante : I a 6 vers ; II, III, IV, V ont 8 vers ; VI, VII en ont 10 ; VIII en a 11 ; IX, 13 ; X, 14 ; XI, 16 ; XII, 17 ; XIII, XIV, XV, 20 ; XVI, 2 1. Ainsi, sur les seize pièces, quatre seulement ont huit vers ; il est difficile de concevoir pourquoi le livre aurait été appelé « Le livre des Huit », comme il est désigné dans la version chinoise de Msgh., et comme M. Rhys Davids (J.P.T.S., 1896, 98) interprète le titre (« The Book of the Eights. It is so called because each of the poems 2, 3, 4, and 5 of the chapter in question consists of eight verses »). Mais en face de cette interprétation qui rappelle assez bien le « lucus a non lucendo », la forme pracrite atthaka admet encore une autre équivalence sanscrite : attha = artha, et c’est ainsi que l’ont expliquée les traducteurs chinois de Dhg. (yi kin = artha-pada), de Mss. (yi pin = arthavarga) ; c’est ainsi que l’entendait, dès le iiie siècle, le traducteur chinois Tche K’ien qui a traduit (entre 228 et 253) la collection de l’Atthakavagga, stances et narrations explicatives, sous le titre de Yitsou hing 義足經 = artha-pada-sûtra (Nj., 674 ; Tôk., XIV, 5, 55). Enfin c’est cette forme qu’emploie le Msv. : [1]

  1. chinois permettent d’en juger, introduit d’ailleurs l’expression artha-pada (kin yi, à dire vrai = pada-artha, au lieu de yi kiu = artha-pada).